Trois ans après leur chef-d’œuvre, Antithesis, les Allemands de Secrets
of the Moon reviennent avec un nouvel opus. Le line-up du groupe a
largement changé depuis leur dernier album puisque le guitariste A.D. et le
bassiste Daevas ont quitté le groupe, respectivement en 2007 et 2008. Le
premier n’est pas remplacé pour l’enregistrement de l’album, c’est sG qui s’est
occupé de toutes les guitares. Quant au second c’est la Française,
Hellsukkubus, plus connus sous le pseudo raccourci de LSK (jouant ou ayant joué
dans AntaeuS, Hell Militia et Neo Inferno 262, entre
autres…), qui prend sa place.
Petit mot sur la pochette pour commencer. Je n’accroche que
très rarement au travail de Metastazis et la pochette qu’il a réalisé pour Privilegivm ne déroge (malheureusement)
pas à la règle. Il n’empêche que le digipack réalisé avec différents cartons
est très classe et que l’on tient un bel objet entre les mains. Les différents
autres visuels du livret sont par contre quant à eux superbes, avec une mention
aux très belles photos promo, un grand bravo donc à la photographe allemande
Daniela Rösler.
Passons à la musique… Un constat se fait quasiment d’entrée
de jeu après l’intro éponype : Secrets
of the Moon a changé entre 2006 et 2009. Un peu, beaucoup même… Dès le
début de « Sulphur » et son riff entêtant, puissant avec ses grosses
rythmiques et… qui donne envie de bouger la tête ! Et je dois dire que les
premières écoutes m’ont dérouté et que j’ai laissé l’album de côté quelques
semaines avant de m’y replonger… Et de revoir complètement mon jugement !
Je l’avais critiqué trop vite. Il faut dire que vu la claque interstellaire que
m’avait mis Antithesis dès la
première écoute, je m’étais trouvé bien déçu de ne pas ressentir la même chose
avec ce nouvel album.
Déjà Antithesis
proposait une musique allant au-delà du Black Metal et des structures complexes
et variées. Ici, le groupe quitte encore un peu plus le monde du Black Metal,
et sa musique connaît désormais de grandes influences Rock (l’excellent refrain
de « I, Maldoror » et sa batterie « poum-tcha poum-tcha »
en est un très bon exemple, le titre « For they know not » en est un
autre) et progressives. Les morceaux sont tout aussi longs (voire plus, cf. la
majestueuse pièce de treize minutes trente qu’est « Harvest ») que
sur l’album précédent. Le tout reste noir, très noir. Il y a beaucoup plus de
parties lentes –de manière générale l’album est moins rapide- que sur Antithesis, que ce soit des riffs
doomesques ou des parties atmosphériques, ce qui n’empêche pas à Privilegivm d’être magistralement
épique, notamment grâce à des accélérations très bien senties. Le groupe arrive
à créer un souffle particulier qui fait que l’on ne s’ennuie strictement
jamais. Car même si, comme je le disais, les structures sont complexes et variées,
Secrets of the Moon ne tourne pas
autour du pot : il fait ce qu’il faut quand il faut, que ce soit une
accélération puissante ou un break briseur de nuque.
La production est bien évidemment ici parfaite. Organique,
claire, puissante, elle sert à merveille la musique riche de Secrets of the Moon. On distingue
parfaitement chaque instrument. Ça fait du bien d’entendre une batterie sonner
naturelle, même au niveau de la double pédale (même si elle est évidemment
légèrement triggée), surtout que le jeu de T. Thelemnar est excellent ! A
la fois net et précis, varié et puissant. J’aime tout particulièrement ses
nombreux roulements de batterie, donnant un côté encore plus ritualiste à la
musique (comme sur l’intro de « Harvest » par exemple).
Un point qui a forcément marqué tous ceux qui ont écouté
l’album (dès la première écoute ça frappe) : le son des deux derniers
titres, l’instrumentale « Descent » et le final
« Shepherd ». Les guitares sont plus en retrait, le tout semble avoir
été passé sous un effet type « lo-fi ». Le son reste excellent, mais
la différence est réellement marquante et est troublante aux premières écoutes.
A l'époque de la rédaction de cette chronique, alors que nous notions les disques sur Cryptic Madness -chose que j'ai abandonné ici-, j'ai longtemps hésité pour savoir quelle note donner à cette
œuvre superbe. La question se posait, comme souvent, entre objectivité et subjectivité. Je préfère Antithesis à Privilegium, aucun doute là-dessus. Mais ce
n’est pas pour des raisons de composition ou de production, uniquement pour des
raisons subjectives, ou du moins, surtout pour des raisons subjectives (il est vrai qu'ici Secrets of the Moon n'arrive pas à faire aussi bien que le trio « Ghost », « Seraphim is Dead » et « Lucifer
Speaks »). Mais si on considère « exceptionnel » comme un synonyme « d'extraordinaire », alors OUI, Privilegivm est « exceptionnel ». Ce disque n’est pas
commun, c’est certain.
Des fois j’ai honte du Black Metal. Honte d’écouter une
musique qui produit (plus ou moins indirectement) des choses comme l’action en
justice entre King et Ghaal d’un côté et Infernus de l’autre pour savoir qui
gardera le nom et les droits sur Gorgoroth,
les déchets que sont les textes de la majeur partie des groupes ou encore le
risible appel aux Français à voter FN de Varg. Vraiment je me dis que c’est un
univers de cons. Mais quand j’écoute un album comme celui-ci, son originalité,
sa richesse musicale, son discours intelligent et construit (auquel on adhère
ou non), les sentiments qu’il créé en moi, la manière dont il me prend aux
trippes… La façon dont il transcende le style lui-même à travers de nombreuses
influences tout simplement. Là oui, je suis vraiment fier (d’écouter) du Black
Metal.
Oui c’est bien ça ce qu’est Privilegivm. Exceptionnel… Les fidèles du « c’était mieux
avant » n’ont qu’à bien se tenir : le présent et le futur du Black
Metal c’est ça. Et tant mieux.
Rendez-vous dans quelques temps donc pour Seven Bells...
Autres prochains articles prévus : la bande-dessinée Ici Même et le film Control. Parmi d'autres...
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Euh je suis la seule a voir Apple dans la pochette?
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