mercredi 15 août 2012

SunnO))) & Boris "Altar"


Note : chronique écrite il y a plusieurs années et déjà publiée sur Cryptic Madness.




Aujourd'hui, après trois jours et demi de chaleur étouffante sous un soleil de plomb, le tonnerre gronde fort et il pleut des trombes. Le ciel est plombé, gris. La pluie amène un peu de fraicheur, mais l'humidité et la moiteur l'emportent. J'aurais pu chroniquer du EyeHateGod. Mais non.

Un coup de tonnerre, premier roulement de batterie d' « Etna », dont les guitares sursaturées nous font suffoquer, tel une atmosphère sombre, plombée. Un temps d'orage en ville soit. Un coup de cymbale, puis deux, puis trois, puis quatre. Cet album sera ritualiste, qu'on se le dise. Les guitares sont grasses et lourdes. Mais déjà des expérimentations psychédéliques à la guitare transparaissent.

Un album de Drone il ne faut pas l'écouter 'comme ça'. Soit il faut le laisser en 'bruit de fond', soit il faut le laisser vous transporter loin, très loin. Peu connaisseur du genre, je préfère cependant cette deuxième solution. Mais Altar, c'est plus que du Drone, bien plus que du Drone même.

Certes il y a l'étouffement, la saturation, avec « N.L.T », titre drone/ambient. Oui mais dans Altar il y a aussi la fraicheur de la pluie qui suit l'étouffement de la chaleur d'été, il y a « The Sinking Belle (Blue Sheep) » et sa chanteuse qui, posément, arrive à faire passer des émotions. Pas de lyrisme surfait, juste des émotions.

The shape I'm in
Oh she knows so well
My hearts become
Her sinking belle 




Puis vient la sensation d'humidité d'après la pluie. Le bitume mouillé. L'hésitation à sortir de peur que ça ne retombe. « Akuma No Kuma » et ses voix 'électroniques', son fond ambient, et sa batterie toujours aussi 'ritualiste'. La musique est sombre. Mais elle est surtout déchirée. Prenante. Quelque part écrasante par sa lourdeur, mais ici ce n'est pas la lourdeur des guitares et de la basse. Certes les effets du synthé y sont pour quelque chose, mais c'est la musique en elle-même qui est écrasante. Sa composition, son âme.

« Fried Eagle Mind » nous plonge lui dans une atmosphère glauque, oppressante. La nuit qui tombe avec les dernières gouttes de pluie. La nuit et ses voix hantées. Ses bruits inquiétants. Son ambiance unique. Et plus on s'y enfonce, plus l'oppression est forte. Les quelques notes de basse inquiètent. Alourdissent. La pluie reprend un peu. Pas beaucoup, pas longtemps. Ses bruits distordus et saturés s'arrêtent tout à coup. On se réveille en nage. La pluie et le tonnerre ont finalement repris.

« Blood Swamp » c'est ça. L'ambiance après le réveil. Tout d'abord juste le bruit de la nuit, qui nous sature les oreilles. Puis des petits sons, quelques notes de guitares. On ne s'en rend pas bien compte au début, mais notre respiration est haletante. Cela dure plusieurs minutes. Une sorte de transe. Puis la guitare arrive. Progressivement, mais déjà si saturée, si pachydermique. On réalise ce qui vient de se passer. Se rendormir est impossible. Et tous les bruits nous agressent alors. Il n'y a plus que quelques gouttes qui tombent des gouttières. Une par une. Mais inlassablement. Tout est humide. Tout semble lourd. A nouveau cette sorte de transe. Provoquée par tout ces sons. Cette torture sonore. Si déstructuré, mais si magnifique. Et toujours ces quelques notes de guitares. On sent que cela ne peut pas finir comme ça. Une (longue et lente) descente aux enfers ? Les bruits semblent toujours plus durs, plus violent, plus torturés, plus saturés. Mais aucune voix. On est désespérément seul face à ce mur de son. Et puis oui. Finalement ça s'arrête. La pluie a définitivement cessé. Plus un bruit au bout de quelques secondes. On se rendort.

L'artwork, lui aussi assez ritualiste est magnifique. Simple, mais superbe. Le digipack cartonné rend très bien l'atmosphère du disque, ainsi que les photos dans la verdure et les insignes dorés. Les lyrics auraient cependant été les bienvenues.

SunnO))) et Boris, de part leur collaboration réalisent un coup de maître. Il n'y a rien à redire, rien à refaire. Ils ont fait ce qu'ils voulaient faire. Sans limite. Sans barrière musicale. Les expérimentations faites dans cet album sont absolument époustouflantes. Même les détracteurs habituels du Drone se doivent d'écouter cet album, car comme je le disais «  Altar, c'est plus que du Drone ». Tout ce qu'on pourrait demander aux américains de SunnO))) et aux japonnais de Boris, ce serait une nouvelle collaboration, de nouvelles expérimentations.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire