dimanche 29 avril 2012

Citation II

Pas le temps d'écrire quelque chose pour cause d'examens, du coup une belle citation liée à la fois à ces derniers et à l'actualité...

« [La] guerre des plébéiens et des patriciens, ou des pauvres et des riches, n'existe pas seulement du moment qu'elle est déclarée. Elle est perpétuelle, elle commence dès que les institutions tendent à ce que les uns prennent tout et à ce qu'il ne reste rien aux autres. »

Gracchus Babeuf, Tribun du Peuple, numéro 34, 6 octobre 1795.

Citation trouvée dans : Jean-Clément Martin, La Révolution française, 1789-1799 une histoire socio-politique. Paris, Belin Sup histoire, p. 258.




mercredi 18 avril 2012

Electric Wizard "We Live"




Beaucoup s’accordent à dire que le meilleur album d’Electric Wizard est Dopethrone. Certes c’est un album excellent, pièce maîtresse du Stoner/Doom, œuvre lourdingue et enfumée au possible et que j’affectionne énormément, mais je dois avouer que j’ai une affection toute particulière pour ce We Live, sorti quatre ans plus tard (avec Let Us Prey pile entre les deux, mais que je connais encore mal). Objectivement il est effectivement peut-être moins bon que Dopethrone, car, contrairement à ce dernier excellent de la première à la dernière seconde, il est assez inégal. En effet, la première moitié de l’album est bonne, voire très bonne mais est à mon sens assez loin de l’enchaînement des trois derniers titres qui rendent cet album pour moi exceptionnel.

Pour de ce que je connais de la discographie d’Electric Wizard, jamais les Anglais n’ont réussi à ce point mélanger lourdeur, crasse, psychédélisme et tristesse. Et c’est surtout ce dernier point qui rend ces trois derniers titres parfaits. « Another Perfect Day ? » commence sauvagement, de manière assez rock’n’roll et rythmée, avant un long break et une fin lancinante, hypnotique et superbement répétée encore et encore, tel un appel à l’aide.

Take the pain away…
To another day…
Take the pain away…
To another day…
Another perfect day…
Another perfect day…




 « The Sun has turned to black » suit. Elle est peut-être encore plus sombre. Elle est bien plus lente. Ou du moins, elle ne possède pas le côté sauvage du début d’ « Another Perfect Day ? ».

Enfin l’album est clôt par la superbe, magnifique, transcendante, terrifiante pièce d’un-quart d’heure qu’est « Saturn’s Children », nous achevant de par ses riffs pachydermiques* et ses mélodies belles à se trancher les veines. Pourtant elle possède quelque chose encore en plus. Pour appuyer mon propos je souhaiterais citer (de mémoire, donc elle est sûrement inexacte** [edit : citation corrigée par l'intéressé]) la description qu’en a faite un ami : « C’est la plus belle chanson pour faire l'amour depuis « Loud Love » de Sound Garden ». Certes, se sera peut-être un rapport sexuel un peu spécial, hypnotique, à la fois triste et sauvage, lent et passionné, mais tout de même.

« Eko Eko Azarak », « We Live » et « Flower Of Evil aka Malfiore » paraissent donc, comparées à ces trois titres, d’un niveau inférieur. Elles ne sont pourtant pas mauvaises pour autant, loin de là. Au moins We Live donne une impression de progrès (quelque part, ça aurait été plus dérangeant si les trois derniers titres avaient été moins bons que les trois premiers. Le sentiment se dégageant à la fin de l’écoute de l’album en aurait été plus amer).

We Live est donc dans l’ensemble tout de même un excellent album. Il est cependant vrai que si l’on recherche du Stoner/Doom simplement lourd, psychédélique et enfumé, il vaut mieux se pencher –dans la discographie d’Electric Wizard- sur Dopethrone, voire même Witchcult Today. Il n’en reste pas moins que, du moins pour ceux privilégiant la partie Doom à la partie Stoner peut-être, We Live est un superbe album à connaître et que les trois magnifiques titres cités précédemment doivent absolument être connus de tous ceux appréciant une musique lourde et triste, bref, dis plus simplement, de tout bon amateur de Doom qui se respecte.

Turn off your mind,
There’s nothing to find…
Find out here…






* Note à la personne qui se reconnaîtra : hehe ;)
** Laurent, tu m’en excuseras je l’espère.

dimanche 15 avril 2012

Citation

Afin de varier quelque peu le contenu de ce blog, je publierai de temps en temps quelques citations qui m'ont marqué, plu, surpris, impressionné... En voici une première.




« Cette impossibilité d’être utile à qui que ce soit dans la vie, telle est une des plus grandes leçons de votre livre, et qui pousse au délire notre dégoût de nous-même. »

René Schwob, dans une lettre adressée à Louis-Ferdinand Céline après la publication de Voyage au bout de la nuit (1932).

Citation trouvée dans : Louis-Ferdinand Céline, Lettres à Joseph Garcin réunies et présentées par Pierre Lainé. Montréal, Editions Ecriture, Collection « Céline & Cie », 2009, p. 98.

Jean-Claude Forest & Jacques Tardi "Ici Même"




Il y a quelques mois j’étais chez un disquaire/libraire d’occasion de ma ville et suis tombé sur Ici Même. J’ai beau ne pas beaucoup m’y connaître dans le monde de la BD, Jacques Tardi est mon dessinateur de bande-dessinée préféré. Voilà, c’est dit. Je n’ai donc pas hésité à acquérir Ici Même. Son style unique –bien qu’imité- sait retracer des situations les plus variées. S’il est plus connu pour ses mises en dessin de polars (notamment de Malet, Manchette et Daeninckx) ou son héroïne Adèle Blanc-Sec, il ne s’y limite pas. Il a en effet illustré différents romans avec brio (Voyage au bout de la nuit ou Mort à Crédit de Louis-Ferdinand Céline prennent une nouvelle dimension grâce à son coup de crayon à la fois « brouillon » et clair). Il s’est également penché sur l’histoire en mettant en images en quatre tomes l’histoire de la Commune de Paris de 1871 avec Le Cri du peuple ou la Première Guerre mondiale avec les deux tomes de Putain de guerre !.




Autant dire que ce Valencien né en 1946 a plus d’une corde à son arc. Dès les premières pages d’Ici Même j’ai compris que c’était encore tout autre chose qui était proposé. Ce tout autre chose, c’est le scénario écrit par Jean-Claude Forest (né en 1930 et décédé en 1998), auteur de bande-dessinée paraît-il très reconnu, notamment pour ses quatre tomes des Naufragés du temps, mais j’avoue ne jamais avoir rien lu d’autre de lui.




Dans la préface Forest nous dit : « Alors, dans Ici Même, de quoi s’agit-il ? Quel en est le sens ? Et où est-il ?..., puisqu’en toute chose c’est le sens qui manque le moins ». Pourtant le sens d’Ici Même est difficile à trouver. Critique de l’attachement à la propriété ? au pouvoir ? Raillerie de l’égoïsme ? de l’orgueil ? de la vanité ? Montrer que chacun a ses secrets, ses fantasmes, ses habitudes (voire ses tics) ? la difficulté des relations humaines ? l’impossibilité de faire un choix raisonné, raisonnable ? Difficile à dire. C’est un peu tout ça à la fois.

- Allez, Arthur… J’crois qu’faut te décider…
- Me décider à quoi ?
- A prendre tes cliques et tes claques…

Résumer l’histoire des 198 pages d’Ici Même qui nous mène principalement à Mornemont, aussi appelé le Pays Clos n’est donc pas chose aisée –surtout sans dénaturer sa découverte. Cette fiction -plus que plausible à de nombreux égards- est centrée autour du personnage atypique d’Arthur Même. Autrefois, sa famille possédait tous les territoires de Mornemont. Mais de procès en magouilles, différentes familles se sont accaparées le Pays Clos. Arthur n’est plus propriétaire que des murs et, bravant chaleur, froid, pluie et vent, fait payer des droits de passage aux habitants en ouvrant et fermant les grilles. Cette taxe lui permet de payer différents avocats afin de recouvrir les territoires lui revenant selon lui de bon droit.

Alors que face à l’épicier ambulant sur son bateau, lui apportant ses provisions, Arthur Même évoque sans relâche sa vision claire des choses, sans s’encombrer de nouveauté ni d’exotisme aucun, sa rencontre inopinée avec Julie, fille de la famille directement concernée par ce premier procès, va bouleverser son monde. Julie est aussi celle qui relie –sans qu’il le sache- Arthur au Président de la République, qui va se servir de l’affaire judiciaire d’Arthur en cours, afin de servir ses propres intérêts politiques pour surmonter une élection qui s’annonce difficile. Une intervention grand-guignolesque de grande envergure –la première édition a beau être parue en 1979, cela semble tellement actuel- termine la transformation difficile, folle, insensée, incomprise –incompréhensible ?- d’Arthur dans un chaos total.

Je ne m’attarde pas trop sur les détails, ce serait dommage. Des détails, il y en a pleins. Il est probablement impossible de tout saisir à la première lecture. Si les buts d’Arthur et du Président sont clairs, on ne sait pas bien ce que veut Julie. De l’attention tout simplement peut-être. Un peu trop d’attention suite à un manque même. Et puis il y a l’épicier. Celui qui pose des questions sans en poser. Le seul qui peut-être a compris Arthur. Ou du moins, qui a essayé de comprendre Arthur. Ce qui semble déjà beaucoup pour cet homme seul, explorateur (?) déçu, dont on ne comprend pas bien l’histoire non plus. Et puis il y a tous les personnages autour du Président : outre sa femme, les ministres et les haut-gradés, il y a Baudricourt qui officiellement écrit les discours du Président mais semble anticiper sa reconversion, Quatre-Septembre, drôle de personnage, sorte d’agent à gage. Et puis il y a les étranges habitants de Mornemont que l’on ne voit qu’à peine. Tout comme les avocats, arrivant sur leur bateau à moteur. Chacun des personnages propose, de manière plus ou moins développée, sa vision du monde. Aucun n’est attachant. Ils sont même tous, d’Arthur au Président, de Julie à Baudricourt, des familles mornemontoises à Quatre-Septembre, d’horribles caricatures d’eux-mêmes, des gens que l’on ne veut pas être, des politiciens véreux, des voisins dont on ne veut pas. Pourtant, ils sont quelque part tous plein d’humanité. C’est, avec la trame prenante, ce qui fait la force d’Ici Même.




C’est ce grand bordel, n’ayons pas peur des mots, qui forme donc l’histoire d’Ici Même. Cette collaboration entre Forest et Tardi est une œuvre (très) originale, folle et terriblement humaine. Une bande-dessinée pas comme les autres, à découvrir au plus vite, à lire et à relire. Et y repenser ensuite, réfléchir au sens dont parle Forest dans sa préface. Je ne sais pas si je l’ai déjà trouvé ce sens. Mais j’y travaille.

jeudi 12 avril 2012

Encore du vieux. Spécial Celeste.

Note : Chroniques rédigées en 2010 et 2011.


Nihiliste(s) (2008)





Celeste est un groupe de la région lyonnaise officiant dans un Postcore des plus violent. La musique du quatuor -qui joue tous ses concerts dans un noir complet- est sombre et glauque. Le plus généralement, les morceaux de ce style musical sont longs et progressifs, partant d'une base atmosphérique avant de proposer une explosion musicale. Celeste joue lui plutôt sur la force et le côté direct en proposant des titres rapides, assez courts (la plupart font dans les 3-4 minutes bien qu'il y ait deux titres de 6 minutes et un de 8), avec quelques breaks plus mid-tempo ici ou là.

L'ambiance de ce Nihiliste(s) est des plus suffocante (rah ce break impossible complètement dingue en plein milieu de « A jamais dénudée » (peut être le meilleur titre de l'album pour mon compte) !!), malsaine et sombre. Seules les quelques fins de morceaux où les guitares laissent sonner les accords nous permettent de reprendre notre souffle dans ce condensé intense de violence.

Le côté déstructuré des titres -bien que généralement assez courts je le répète-, le son et l'ambiance ravira les fans de DeathSpell Omega. Une sorte de transe complètement hystérique se dégage de cet album.

La production est très bonne, on distingue très bien tous les instruments. Les guitares plombées, assez aigues tranchent bien avec la basse plus lourde et moins rapide. La batterie participe beaucoup à la sensation de folie des titres, en jouant beaucoup sur les cymbales. La voix est torturée et hurle des textes des plus sombres et violents. La seule lecture des noms des morceaux vous permet de vous faire une idée du dégoût de l'humanité des membres de Celeste.

L'album a commencé violemment, sans introduction avec « On pendra les femmes et les enfants en premier » (j'adore le nom du titre !) et finit violemment avec « Comme s'il suffisait de lever le doigt pour refaire ».

En résumé c'est violent, sombre, possédé (mais par quoi ?!), fou, déstructuré, intense, désespéré. Nihiliste(s) convient donc parfaitement comme titre à cette musique.

Celeste nous propose donc avec Nihiliste(s) un album unique, car les lyonnais ont sût exploités une autre facette du Postcore en favorisant sa violence. A écouter seul dans le noir.




Misanthrope(s) (2009)




A peine un an après l'excellent Nihiliste(s), les lyonnais de Celeste remettent ça avec neuf nouveaux titres réunis sous le doux nom de Misanthrope(s). Alors ? Un Nihiliste(s) #2 ? Oui et non.

Tout d'abord ce qui frappe c'est le son et la production. Ils sont très similaires, voire identique à l'album précédent, c'est-à-dire tranchant et lourd, procurant un sentiment d'étouffement. L'instrumentalisation est toujours la même, guitares plombées, basse écrasante, un batteur qui adore ses cymbales et cette voix haineuse au possible. De ce côté pas de changement, donc.

Cependant, alors que l'hystérie était de rigueur d'un bout à l'autre de Nihiliste(s), sur ce nouvelle opus, le quatuor a mis beaucoup plus en avant les ambiances mid-tempo, caverneuses. Bien sûr les accélérations ne sont pas totalement oubliées comme sur « Il y aura des femmes à remercier et de la chair à embrocher », « A défaut de te jeter sur ta progéniture » ou « Mais quel plaisir de voir cette tête d'enfant rougir et suer » (peut-être le titre se rapprochant le plus de l'album précédent), mais généralement, le tempo s'est quelque peu ralenti. L'album est donc un peu plus long que Nihiliste(s) tout en possédant un titre de moins.

Alors que Nihiliste(s) nous laminait de sa violence, Misanthrope(s) nous hypnotise, nous surprend par ses accélérations, nous écrase de la lourdeur de ses riffs presque Doom (« La gorge ouverte et décharnée », « A défaut de te jeter sur ta progéniture »), nous met une boule au ventre par sa violence et ses quelques riffs presque mélancoliques ici ou là, nous possède d'une haine sans merci.


Misanthrope(s) ne m'a absolument pas déçu. Avec cette troisième sortie Celeste maintient l'excellent niveau qu'il avait produit avec Pessimiste(s) et notamment Nihiliste(s), en innovant tout en gardant la même ligne directrice. Un groupe unique à suivre de très près m'sieurs-dames.




Morte(s)-Née(s) (2010)




Celeste c’est un cauchemar horrible, un cauchemar qui nous lâche pas. On est en plein dedans. On se réveille en sursauts, haletant. Mais on ne peut pas s’en détacher, on essaye de reprendre ses esprits mais on est obligé d’y penser, de s’y replonger, même réveillé. On en tremble, suant comme un porc, avec une envie tenace de vomir. De vomir sur ces créatures de nos rêves pourris.

Celeste c’est une séance de torture. Une séance de torture masochiste. Un vrai fantasme inavoué sur lequel Freud et ses disciples pourraient passer des années. C’est tellement terrifiant et sombre qu’on en redemande. Encore et encore. Sans arrêt. Qu’on nous brise les os, pour tout oublier. Quand les coups arrêtent –pour quelques secondes ou quelques petites minutes tout au plus- on jouit.

Celeste c’est le lent pourrissement d’une gangrène dont on sait que la fin est inévitable ; qu’il faudra amputer. Mais certains prennent un plaisir malsain à contempler ce spectacle morbide. On repousse alors l’amputation le plus possible, toujours un peu plus tard -admirant les vers bouffant les morceaux pendants de chaire noire à vif. Et en riant. En s’amusant. En prenant un pied monstre en maltraitant le souffrant, en l’étouffant.

Celeste c’est un champ de bataille post-apocalyptique. Des explosions de partout, des salves de balles incessantes, des cris, des hurlements, l’avancée des chars, les assauts, la crasse, la boue, la peur. On ne peut souffler que très rarement, la nuit dans le noir. Le noir le plus profond. Et encore. Il se peut qu’un troupeau d’ennemis se cachent, amicaux au premier abord, mais toujours traîtres.

Celeste c’est une violente crise d’épilepsie. On ne sait pas comment la stopper. On ne sait pas quand elle va stopper. Mais on sait que les dégâts vont être lourds, qu’il y aura des blessures irréversibles, des traumatismes. Lorsque enfin elle s’arrête c’est la peur, le stress. Le chaos continue, tout s’effondre, tout est mort(-né).

Celeste nous étouffe de sa violence, nous découpe en morceaux avec des riffs incisifs, nous écrase avec sa production massive et pachydermique, nous crible de ses rythmiques brutales et rapides, nous hypnotise avec ses ralentissements inattendus, nous déchire avec ses hurlements plein de haine. De la haine envers tout le monde. Vous, moi, eux, tout le monde. Toujours de la haine. Mais à leur manière. Toujours renvoyant une image personnelle humiliant les autres misérables suiveurs.

Celeste c'est l'explosion et l'exaltation de sentiments enfouis en chacun. Un concentré de violence sonore. La réalité de la vie version saturée. Celeste c’est la haine à l’état primaire transformée superbement en musique, « de sorte que plus jamais un instant ne soit magique ».





Pessimiste(s) (2007, réédition 2011)




C’est deux ans après sa création que Celeste sort ce Pessimiste(s), premier court MCD de même pas 20 minutes. En 2011, Denovali Records le réédite dans une version entièrement remasterisée. C’est cette version que je chronique ici et ne possédant malheureusement pas la version de 2007 je ne pourrai pas faire de comparaison.

Lorsque, comme moi, l’on découvre Pessimiste(s) après les albums de Celeste, une chose frappe dès les premières secondes : l’étonnante mélodicité des titres, l’ambiance bien moins étouffante et violente (bien que ça bourrine quand même pas mal rassurez-vous), et plus « aérienne » (attention c’est pas du Surf Rock hein), la présence de nombreux breaks en « arpèges » à guitare (mais des arpèges dissonants –d’ailleurs il y a plus généralement de nombreux riffs assez dissonants-, avec une basse ronflante en fond comme sur « De notre aversion à notre perversion ») et autres passages mid-tempo qui vous enfoncent six pieds sous terre, encore vivant bien évidemment.
La version remasterisée dont je dispose renforce peut-être légèrement cette différence avec les albums. En effet le son y est plus clair, plus compréhensible, moins « brouillon » (bien que le son des albums soit excellent, ce côté un peu « brouillon » renforçant encore plus les ambiances distillées par le quatuor).
Les cinq titres s’enchaînent d’une traite, comme un seul hymne à la haine et à la violence, avec une brutalité et une puissance exaspérante de génie, avec une folie créatrice superbement exécutée.

Car oui, peut-être qu’ici sur leur première réalisation, Celeste ne créaient pas déjà cette atmosphère si oppressante qui caractérise les albums, certes, mais nom d’une pipe, nom de dieu, bordel de merde même ! Ils ont cette folie, cette noirceur, cette puissante, ce putain de feeling qui vous prend au trippes, vous donne envie de tout casser, de fracasser le premier qui vous emmerde, de vous frapper contre les murs de votre chambre, mais aussi de vous vider trois bouteilles de vodka, tout seul comme un moins que rien, avant de vous reprendre complètement saoul (avec un peu de chances vous n’avez pas pris de médicaments en même temps), vous écraser comme une sombre merde, réalisant que non, le moment n’est pas encore venu pour vous, misérable petit insecte, de quitter cette sombre planète bleue sur laquelle vous êtes alors que vous n’avez rien demandé à personne, qu’il faut encore continuer, vomir sur les gens, les pourrir comme ils vous pourrissent, les ignorer, les mépriser. Cette chronique devient sacrément vulgaire dis donc, mais oui, Celeste c’est tout ça. Et bien plus encore, je vous l’assure…

Pessimiste(s) est le meilleur exemple créé par Celeste du pont musical (je dis bien musical, de loin pas idéologique), qu’il peut y avoir entre le Postcore et certains groupes de Black Metal Orthodoxe les plus fous et expérimentaux, DeathSpell Omega très loin en tête. D’ailleurs un split ou alors carrément un album composé par DsO et Celeste (un peu à la Altar de SunnO))) et Boris quoi), ça devrait rendre un sacré bordel complètement fou et malsain. Dommage que les barrières idéologiques ne cèdent pas, parce que pour le coup les barrières musicales, elles, auraient pu sacrément exploser. Bon oui, je fantasme tout seul et je m’égare complètement et alors ? Vous n’aviez de toute façon pas compris que vous auriez déjà du TOUT acheter de Celeste et vous écouter leurs disques en boucle, le volume à fond et dans le noir le plus complet (lampe frontale autorisée mais c’est tout) ? Si ? Bah alors pourquoi vous me lisez encore ?

Afin de tromper l’ennui, diluons nos souvenirs d’enfance, d’abysses en abysses, de notre aversion à notre perversion, car, quoi qu’il advienne TOUT EST À CHIER !





mardi 10 avril 2012

Secrets of the Moon "Seven Bells"


« A NEW COMING ».

Le moins que l’on puisse dire c’est que j’attendais Seven Bells de pied ferme. Après un Privilegium qui m’avait demandé de nombreuses écoutes avant de l’apprécier (cf. ma chronique ici-même), je me demandais ce qu’il en serait de ce nouvel opus de Secrets of the Moon. Le clip du titre « Nyx », ou plutôt d’un peu plus de la moitié de ce titre, m’avait mis l’eau à la bouche. Les Allemands –délaissés par LSK ? Elle ne semble plus faire parti du groupe…- ne m’avaient pas déçu, loin de là.




Qu’en est-il sur l’album complet ? Alors que le changement musical entre Antithesis et Privilegium était frappant dès la première écoute de ce dernier, un autre constat se fait immédiatement celle de Seven Bells : ce nouvel album se place dans la pure continuité de ce qu’a fait Secrets of the Moon jusqu’aujourd’hui, notamment dans celle(s) de Carved in Stigmata Wounds et de Privilegium, un peu moins dans celle d’Antithesis. C’est même un mélange de tout ce qu’ils ont fait, tout en évoluant toujours, bien évidemment. Seven Bells est un peu leur changement dans la continuité si vous voulez.

Sans étonnement aucun, c’est un album complexe, exigeant, riche et difficile d’accès. Mais en même temps il est terriblement accrocheur et prenant. C’est là que réside tout le géni de composition du groupe. Des passages comme le refrain de « Seven Bells », un peu à l’instar de celui de « Sulphur » sur l’album précédent ou alors l’excellent « Blood into Wine », savent allier noirceur et puissance. D’ailleurs, jamais le groupe n’a proposé de passages repris (ou à reprendre) en chœur aussi nombreux. Ne pas se laisser porter par les riffs hypnotisant de « Blood into Wine », à secouer imbécilement la tête, les yeux fermés, est purement et simplement impossible.




Seven Bells est l’album le plus sombre, le plus lourd, le plus pachydermique, le plus poisseux avec le plus de passages lents et donc quelque part le plus Doom (sans le côté triste bien sûr, quoique, certains passages ont quelque chose d’assez tragique) de la discographie de Secrets of the Moon. Peut-être est-ce encore renforcé par la présence importante de la basse, grande oubliée des deux derniers opus malgré leur production parfaite (elle l’est tout autant ici), chose qui m’a ravi. Le meilleur exemple en est l’écrasant titre « Nyx », dont les leads illustrent parfaitement le côté tragique dont je parlais à l’instant. La musique sait cependant aussi se faire sauvage comme sur l’étonnant début de « Goathead », ou le break au milieu de « Worship », tous les deux très Thrash. Malgré tout cela, le groupe reste complètement ancré dans le monde du Black Metal. Après l’avoir progressivement quitté dans les deux derniers albums, il y revient même peut-être quelque part. Mais c’est un Black Metal original, puissant et riche.

En effet, comme je le disais, c’est un album riche et varié –sans pour autant aller dans tous les sens, bien au contraire, malgré son exigence musicale, il faut l’écouter d’une traite pour en ressentir toute la force. De plus, les titres ne sont pas qu’un enchaînement de riffs. Chaque note sert l’ambiance sombre et dévotionnelle qui se dégage tout au long du disque –c’est même peut-être l’album le plus sombre et dévotionnel qu’ils aient composé. C’est aussi (surtout ?) à cette capacité à distiller une ambiance globale tout en possédant d’excellents morceaux –et tous les morceaux de Seven Bells sont excellents- que l’on reconnaît les grands albums.




Secrets of the Moon trace sa route, inlassablement, de grand à album à grand album, incarnant à leur manière un Black Metal de très haute volée, à la fois original et personnel, hypnotique et puissant, sombre et pesant. Seven Bells est incontestablement l’une des sorties majeures de 2012.

« Never surrender, never to return.
Towards a new sun, at the end of the world.
If the son therefore shall make you free, you shall be free indeed ».

samedi 7 avril 2012

Secrets of the Moon "Privilegium"

Note : cette chronique fut elle aussi écrite à la base pour le webzine Cryptic Madness. Dans la perspective d'en écrire une pour le nouvel album de Secrets of the Moon, Seven Bells, j'ai décidé de la reprendre et de la publier ici.


Trois ans après leur chef-d’œuvre, Antithesis, les Allemands de Secrets of the Moon reviennent avec un nouvel opus. Le line-up du groupe a largement changé depuis leur dernier album puisque le guitariste A.D. et le bassiste Daevas ont quitté le groupe, respectivement en 2007 et 2008. Le premier n’est pas remplacé pour l’enregistrement de l’album, c’est sG qui s’est occupé de toutes les guitares. Quant au second c’est la Française, Hellsukkubus, plus connus sous le pseudo raccourci de LSK (jouant ou ayant joué dans AntaeuS, Hell Militia et Neo Inferno 262, entre autres…), qui prend sa place.

Petit mot sur la pochette pour commencer. Je n’accroche que très rarement au travail de Metastazis et la pochette qu’il a réalisé pour Privilegivm ne déroge (malheureusement) pas à la règle. Il n’empêche que le digipack réalisé avec différents cartons est très classe et que l’on tient un bel objet entre les mains. Les différents autres visuels du livret sont par contre quant à eux superbes, avec une mention aux très belles photos promo, un grand bravo donc à la photographe allemande Daniela Rösler.




Passons à la musique… Un constat se fait quasiment d’entrée de jeu après l’intro éponype : Secrets of the Moon a changé entre 2006 et 2009. Un peu, beaucoup même… Dès le début de « Sulphur » et son riff entêtant, puissant avec ses grosses rythmiques et… qui donne envie de bouger la tête ! Et je dois dire que les premières écoutes m’ont dérouté et que j’ai laissé l’album de côté quelques semaines avant de m’y replonger… Et de revoir complètement mon jugement ! Je l’avais critiqué trop vite. Il faut dire que vu la claque interstellaire que m’avait mis Antithesis dès la première écoute, je m’étais trouvé bien déçu de ne pas ressentir la même chose avec ce nouvel album.

Déjà Antithesis proposait une musique allant au-delà du Black Metal et des structures complexes et variées. Ici, le groupe quitte encore un peu plus le monde du Black Metal, et sa musique connaît désormais de grandes influences Rock (l’excellent refrain de « I, Maldoror » et sa batterie « poum-tcha poum-tcha » en est un très bon exemple, le titre « For they know not » en est un autre) et progressives. Les morceaux sont tout aussi longs (voire plus, cf. la majestueuse pièce de treize minutes trente qu’est « Harvest ») que sur l’album précédent. Le tout reste noir, très noir. Il y a beaucoup plus de parties lentes –de manière générale l’album est moins rapide- que sur Antithesis, que ce soit des riffs doomesques ou des parties atmosphériques, ce qui n’empêche pas à Privilegivm d’être magistralement épique, notamment grâce à des accélérations très bien senties. Le groupe arrive à créer un souffle particulier qui fait que l’on ne s’ennuie strictement jamais. Car même si, comme je le disais, les structures sont complexes et variées, Secrets of the Moon ne tourne pas autour du pot : il fait ce qu’il faut quand il faut, que ce soit une accélération puissante ou un break briseur de nuque.

La production est bien évidemment ici parfaite. Organique, claire, puissante, elle sert à merveille la musique riche de Secrets of the Moon. On distingue parfaitement chaque instrument. Ça fait du bien d’entendre une batterie sonner naturelle, même au niveau de la double pédale (même si elle est évidemment légèrement triggée), surtout que le jeu de T. Thelemnar est excellent ! A la fois net et précis, varié et puissant. J’aime tout particulièrement ses nombreux roulements de batterie, donnant un côté encore plus ritualiste à la musique (comme sur l’intro de « Harvest » par exemple).
Un point qui a forcément marqué tous ceux qui ont écouté l’album (dès la première écoute ça frappe) : le son des deux derniers titres, l’instrumentale « Descent » et le final « Shepherd ». Les guitares sont plus en retrait, le tout semble avoir été passé sous un effet type « lo-fi ». Le son reste excellent, mais la différence est réellement marquante et est troublante aux premières écoutes.




A l'époque de la rédaction de cette chronique, alors que nous notions les disques sur Cryptic Madness -chose que j'ai abandonné ici-, j'ai longtemps hésité pour savoir quelle note donner à cette œuvre superbe. La question se posait, comme souvent, entre objectivité et subjectivité. Je préfère Antithesis à Privilegium, aucun doute là-dessus. Mais ce n’est pas pour des raisons de composition ou de production, uniquement pour des raisons subjectives, ou du moins, surtout pour des raisons subjectives (il est vrai qu'ici Secrets of the Moon n'arrive pas à faire aussi bien que le trio « Ghost », « Seraphim is Dead » et « Lucifer Speaks »). Mais si on considère « exceptionnel » comme un synonyme « d'extraordinaire », alors OUI, Privilegivm est « exceptionnel ». Ce disque n’est pas commun, c’est certain.
Des fois j’ai honte du Black Metal. Honte d’écouter une musique qui produit (plus ou moins indirectement) des choses comme l’action en justice entre King et Ghaal d’un côté et Infernus de l’autre pour savoir qui gardera le nom et les droits sur Gorgoroth, les déchets que sont les textes de la majeur partie des groupes ou encore le risible appel aux Français à voter FN de Varg. Vraiment je me dis que c’est un univers de cons. Mais quand j’écoute un album comme celui-ci, son originalité, sa richesse musicale, son discours intelligent et construit (auquel on adhère ou non), les sentiments qu’il créé en moi, la manière dont il me prend aux trippes… La façon dont il transcende le style lui-même à travers de nombreuses influences tout simplement. Là oui, je suis vraiment fier (d’écouter) du Black Metal.

Oui c’est bien ça ce qu’est Privilegivm. Exceptionnel… Les fidèles du « c’était mieux avant » n’ont qu’à bien se tenir : le présent et le futur du Black Metal c’est ça. Et tant mieux.

Rendez-vous dans quelques temps donc pour Seven Bells...

Autres prochains articles prévus : la bande-dessinée Ici Même et le film Control. Parmi d'autres...

mardi 3 avril 2012

"Flesh Gordon" ou le pourquoi du comment des nanars sans faux sang des 70s

NOTE : le texte qui suit a été à la base écrit pour le feu webzine Cryptic Madness. Il a subit quelques minimes modifications (surtout des petites corrections orthographiques/grammaticales) avant d'être publié ici.


Voilà pour mon dépucelage de zone Z, je vais vous parler d'un nanar de 1974 dont le sujet principal est... un rayon laser qui excite la libido des gens qui commencent alors à faire des partouzes un peu partout ! Genre dans les banques, dans un avion, dans une navette spatiale en forme de bite. Bref et pour sauver le monde de ce SEX RAY, de la débauche et rétablir l'ordre moral, un seul homme :

FLESH GORDON !!!!!

Alors déjà ils se sont pas fait chier pour le nom, la preuve en image (j'ai tellement trippé sur ce film que j'ai fait un max d'imprim' écrans, et puis comme ça, ça fait genre j'ai écrit un texte supra long, alors qu'en fait non, c'est comme dans les livres pour enfants, c'est les images qui prendront toute la place). Bref je disais ils se sont pas fait chier pour le nom :


et...



Je ne connaissais pas Flash Gordon (http://fr.wikipedia.org/wiki/Flash_Gordon : c'est lui). C’est donc une parodie dudit monsieur. Mais ils auraient pu avoir plus d’imagination, genre comme ils ont eu pour le nom des planètes (je vous raconterai plus tard).

Bref, il paraît qu’il a failli être classé X, mais certaines scènes ont été coupées et est donc théoriquement interdit au moins de 17 ans. Interdit au moins de 17 ans pour deux scènes et demi de partouze, du nichon et des poils pubiens, faudra m’expliquer.

L’histoire commence donc par un journaliste qui fait son bulletin d’info à la radio : déjà bravo à la traduction. Vraiment. Ils ont carrément transposé le truc en France. A moins qu’il n’y ait un premier ministre aux Etats-Unis ainsi qu’une ville répondant au nom de Meudon, mais sinon…
Ensuite après une première scène où des gens se jettent sur un pauvre vendeur de journaux après s’être pris un coup de Sex Ray dans la tronche, nous assistons à la réunion d’urgence de scientifique sûrement la plus intellectuelle du siècle où on y apprend entre autres que le fils du Professeur Gordon, éminent scientifique (vous aurez compris il s’agit de FLESH… le fils hein pas le scientifique), revient du championnat du monde de hockey sur glace s’étant déroulé au… Tibet. Ouais rien que ça.

Le papa de notre bien-aimé super-héro (même si on ne l’a pas encore vu).
(je vous avais prévenu qu’il y aurait pleins d’images)

Ensuite… ENFIN ! Enfin nous découvrons le visage de bogoss’ de Flesh ! Une photo ? Non quand même pas déjà ! Si ? Bon d’accord.

 
Bogoss’ et intelligent ! Enfin presque.

Après un générique de trois plombes avec une musique ultra pompeuse (de manière générale c’est sûrement la musique de film la plus horrible que j’ai jamais entendue) et une petite scène de drague entre Flesh et l’hôtesse de l’air, l’avion se prend une décharge de Sex Ray et, comme vous vous en doutez une partouze commence. Seul Flesh semble être immunisé (c’te fake).
Et là, le dialoguiste s’éclate (bon ça avait déjà commencé avant) : « Capitaine j’ai la bite comme un manche à balais ». Et oui… le capitaine et son copilote lâchent le tableau de bord et se joignent à la petite sauterie improvisée.
Bon je vous passe le saut en parachute de Gordon et sa nouvelle gonzesse (l’hôtesse de l’air), laissant les partouzeurs s’exploser on sait pas trop où, parce que ce qui compte maintenant c’est leur rencontre avec…

LE PROFESSEUR EJACULE !!!
(Flexi Jerkoff en VO)

Après leur avoir expliqué en détail sa nouvelle invention (devinez ce que c’est), tout en leur disant qu’il ne leur dira rien dessus, Flesh et le Professeur se reconnaissent. Ouf on est sauvé, les dialogues commençaient à donner envie de s’exploser le crâne contre un mur tellement ils sont débiles. Le Pr. Ejacule les invite donc chez lui à découvrir sa superbe invention et à l’utiliser pour sauver le monde, tout en pelotant tout naturellement l’hôtesse de l’air (qui s’appelle Darlene Dietrich au passage, encore une référence superbement et subtilement reprise).


 
Nous allons sauver le monde !!!

Comment vont-ils arriver à cette planète lointaine vous me direz ? Bah fastoche, avec ça :


 
J’aime beaucoup les goûts design de M. Ejacule, faudrait le proposer comme nouveau designer chez Ikea…

Pis ils en profitent pour un peu de pub.

 
A coup sûr le cousin du réalisateur bosse chez Volkswagen.

Après un voyage peu confortablement installés (ils sont debout), des dialogues de fous (« Oh la Lune ! » ; « Mais non c’est la Terre ! ») et une partie de baise (re-phrase kvlt : Flesh et Ejacule se rhabillent, Darlène reste à poil. Avant de sortir de la navète Ejacule va fouiller quelque part et ressort une robe. La donnant à Darlène : « C’est la robe de mariage de ma mère, elle l’a très peu porté ». Oui oui il avait la robe de mariage de sa mère dans sa navète spatiale en forme de bite) nos héros arrivent, sur la planète… Oh et puis puisqu’on y est, autant laisser un autochtone le dire :
« Excusez-moi votre Protubérance, mais un vaisseau étranger arrive sur la planète Porno. »

Je vous l’avais dit qu’ils avaient eu de l’imagination pour le nom des planètes (comment ça non ?).
Bref, après un atterrissage en catastrophe, nos héros fuient les autochtones (vous voyez un peu le genre spartiate, musclé, viril avec l’armure qui va avec ? Ouais bah eux c’est pareil en ridicule et avec un pistolet laser en plus de l’épée. La classe absolue quoi.), et se retrouvent dans une grotte dans laquelle ils sont « attaqués » (en fait ils se mettent juste à hurler) par une sorte de bestiole bizarre avec un œil (effets spéciaux super classes garantis ou remboursés, évidemment). Ils finissent par être sauvé par les spartiates, enfin par les habitants de la planète Porno qu’ils fuyaient et amené à l’antre (effets spéciaux super classes garantis ou remboursés bis) du machiavélique chef de la planète Porno : l’empereur Wang.

 
COUCOUUUUUUU !!!

Bon je passe vite (faudrait quand même pas vous gâcher toute la surprise de ce superbe film). Ils arrivent donc escortés par les gardes devant l’Empereur Wang (passant accessoirement devant une orgie). Wang… Une gueule de chinois en costume traditionnel du XIXe siècle vous voyez ? Bon bin c’est la même chose avec une tronche d’allumé défoncé au crack en prime.
Donc :
Wang envoie Ejacule bosser dans son laboratoire.
Il veut Darlène comme fiancé, forcément Flesh s’y oppose. Wang veut donc faire émasculer Flesh. A ce moment là arrive la Reine des ténèbres et Gardienne des tétons sacrés (avec un nom comme ça elle pourrait jouer dans un groupe de War Metal), qui s’y oppose. Si Flesh réussit à passer l’Epreuve, il sera sienne. L’Epreuve ? Affronter trois rousses (à moitié à poil, est-ce nécessaire de le préciser ?) avec des ongles en carton qui essayent de le foutre lui aussi à poil (tout un programme). Bref Flesh leur pète la gueule et il disparaît avec Amora (celle du groupe de War Metal) dans un magnifique nuage de fumée.

 
« Salope pourquoi tu m’as pas laissé l’émasculer ça aurait été drôle ! »

Pendant ce temps Ejacule arrive à s’enfuir. Amora et Flesh sont en train de copuler dans un vaisseau-cygne quand Ejacule les atomise avec le rayon laser d’un vaisseau local qu’il a piqué. Comment savait-il qu’ils étaient là ? Faudra poser la question au scénariste.

Bref vient ici LA réplique KVLT du film.
Professeur Ejacule parlant d’Amora qui grâce à ses pouvoirs magiques a réussi à leur transmettre les Tétons de la puissance même si elle est morte : « Oh c’était une noble femme Flesh… »
Flesh Gordon : « Elle avait des couilles ! »
Prof. E. : « C’était un brave scout. »

Et oui mesdames et messieurs vous n’avez pas rêvé, ils l’ont fait !!!

Bref, ensuite Flesh et Ejacule trouvent de magnifiques costumes, vont sauver Darlène d’amazones matrones lesbiennes (en gros), Flesh se bat avec un insecte en métal, il est presque battu quand une sorte de Robin des bois un peu gay tue la bestiole d’une flèche dans le dos, on apprend alors que c’est Pédalo, l’héritier légitime du trône de Porno. Nos héros préférés vont donc l’aider à dégommer Wang pour de bon. Pour se faire ils vont successivement créer une sorte de laser ultra puissant, se faire trahir par un espion de Wang, « combattre » des robots avec des phallus en vrilles, finir dans des chiottes géantes, « combattre » un monstre en pate à modeler, qui fini par se casser la gueule, écrabouillant Wang au passage avant de tout faire exploser. Tout le monde est heureux, Ejacule, Flesh et Darlène peuvent rentrer sur Terre avec la super navette-bite. Fin.

Z’avez rien suivis ? Quelques images explicatives (ATTENTION RISQUE DE SPOIL) :

 
C’est moi la chef ici ! Alors tu vas tapiner pour moi ou je te fourre mon crocher où j’pense !

 
-C’est quoi ce bruit horrible ?
-Putain y’a Peste Noire en concert ! Trop evil !


 
NIHAAAAAAAAAA !!! (ou quelque chose comme ça)

 
Les mecs j’ai la queue qui part en vrille !


 
Bon ils me cassent les couilles ces terriens, sont où que je les bouffe et qu’on en finisse. C’est pas tout, j’ai envie de chier moi.


Chef-d’œuvre cinématographique, Flesh Gordon m’a marqué à vie. OK ça manque de zombies, de nazis et de sang, mais c’est déjà du lourd dans le genre.

Et vous savez quoi ?
Il existe Le Retour de Flesh Gordon !
Promis je vous le chronique bientôt.

Necros Christos "Doom of the Occult"




Il aura fallu quatre ans aux trois occultistes allemands qui forment Necros Christos pour donner une suite au très remarqué (et remarquable) Trivne Impvrity Rites et ses alternances de Death groovy et mid tempo implacable et d’interludes, puisant leurs influences dans la musique religieuse ou espagnole (pour n’en citer que deux). Le premier effort longue durée (cependant composé de nombreux titres déjà disponibles dans les différents splits et démos qu’a enregistré le groupe durant ses six premières années d’existence) était un réel rite occulte, une invocation, une messe noire purement Death Metal. Qu’en est-il de ce Doom of the Occult ?

Rien qu’à la vue du tracklisting, on comprend que le groupe poursuit ce qu’il avait commencé avec Trivne Impvrity Rites, soit l’alternance d’un titre Metal avec une ou deux interludes ambiantes, qui –comme sur l’album susnommé- peuvent être des prières (« Temple I »), de simples plages de synthé (ou avec de l’orgue comme sur « Temple III ») ou alors de courts morceaux de guitare sèche, à l’espagnole (« Gate 1 ») ou sonnant un peu à l’orientale (« Gate 3 »). Personnellement ça ne me dérange aucunement, cela permet d’aérer l’album et de renforcer les ambiances macabres diffusées par le trio. Les « Gate » deux et quatre dépassent même respectivement quatre et cinq minutes, ce qui montre l’importance de ces passages pour le groupe, en devenant plus que de simples « coupures », mais des morceaux « à part entière ».


Lorsque, quelques temps avant la sortie de l’album, Necros Christos avait proposé le titre « Necromantique Nun » à l’écoute, j’avais été frappé (et dérouté) par le côté encore plus groovy de leur Death et surtout par la grosse influence Entombed dans le morceau. En fait, l’impression qui se dégage des titres Metal de ce Doom of the Occult est celle d’une évolution par rapport à ce qu’avaient proposé les Allemands jusqu’à présent. Certes, la patte Necros Christos est reconnaissable entre mille et ce n’est pas un virage à 180°, loin de là même, mais une touche de modernité s’est ajoutée à la musique des Berlinois. Parce que même s’ils se différenciaient largement de tous les groupes du revival Death old school des dernières années, les trois invocateurs maudits puisent incontestablement leurs influences (Death) Metal dans les vieux groupes. Les soli sont un parfait exemple de ce changement : ils sont quasiment Heavy sur « Necromantique Nun » ou « Hathor of Dendera », mais purement Death dans la très Doom-esque et excellente « Invoked from Carrion Slumber ».
De manière générale, la musique s’est faite plus oppressante, comme sur « Succumbed to Sarkum Phagum » et son passage aux roulements de toms, quasi martiaux et bien agressifs. Le groupe se permet même des accélérations très bien senties sur « Visceras of the Embalmed Deceased », « Succumbed to Sarkum Phagum » ainsi que sur le début de « Doom of Kali Maa - Pyramid of Shakti Love - Flame of Master Shiva », dont le tempo est de toute façon plus rapide que sur les autres titres, malgré sa longueur (près de neuf minutes trente, de loin le plus long titre de Necros Christos), qui finit sur un riff hypnotique, répété à l’envi.



J’avoue qu’à la première écoute « Necromantique Nun » ne m’avait pas plu énormément et que, si je n’étais pas septique à me mettre à l’écoute de Doom of the Occult, je n’étais pas très enthousiaste non plus. Finalement c’est un excellent disque et, si vous avez apprécié, voire adoré, le groupe jusqu’à présent, ce n’est certainement pas avec cet album que vous allez les lâcher. A l’instar de Trivne Impvrity Rites, c’est un album long (il le dépasse même, atteignant 1h13 (!), tellement rare dans le Metal –et dans le Death encore plus- pour être souligné !) et complexe mais au final passionnant tant musicalement que sur l’ambiance générale qu’il dégage. Comme je le disais, les changements ne sont pas extrêmes, le groupe ne faisant qu’ajouter « de nouveaux ingrédients à leur noire potion » comme dirait un certain +NodenS+ sa chronique de Trivne Impvrity Rites). Il reste cependant un produit dont Necros Christos devrait avoir une utilisation plus régulière : les chœurs. En effet ils n’apparaissent que très brièvement (et, malheureusement, assez en retrait) sur « Visceras of the Embalmed Deceased », mais cela renforce le côté religieux (comprendre occulte et ésotérique) de la musique des Allemands.

Un grand moment d’occultisme musical.

dimanche 1 avril 2012

Godspeed You! Black Emperor "Lift Your Skinny Fists Like Anthennas To Heaven"


« And huh... Anyway... Let's see what else I... I.. Huh... It was Coney Island, they called Coney Island the playground of the world... There was no place like it... In the whole world, like Coney Island, when I was a youngster... No place in the world like it. It was so fabulous! Now it shrunk down to almost nothing, you see... And I still remember in my mind how things used to be... And huh... You know... I feel very bad. But people from all over the world came here... All over the world. There was a playground, they call it the playground of the world, over here. Anyway...Huh... [...] I , huh, you know. I even got... When i was... When i was very small I even got lost in Coney Island... But they found me on the... on... On the beach. And we used to sleep on the beach here, sleep overnight... And they don't do it anymore... Things changed, see... They don't sleep anymore on the beach. »


C’était en septembre 2007. J’allais donc bientôt avoir 16 ans. Dans mon processus de découverte musicale, je me rendais plus ou moins régulièrement à la médiathèque à côté de chez moi, qui, je ne sais pourquoi ni comment, comportait un bac Metal assez fournit et surtout avec de nombreux groupes « peu » connus. C’est en empruntant des disques là-bas que j’ai par exemple posé pour la première fois mes oreilles sur Shape of Despair (avec Angels of Distress) ou Neurosis (avec Times of Grace). Et puis, je ne sais plus comment, mes yeux sont tombés sur la pochette de Lift Your Skinny Fists Like Antennas To Heaven. J’étais persuadé de l’avoir déjà vu quelque part. En effet, l’un des membres d’un forum que je fréquentais, Cryptic Madness, l’avait comme avatar. Ce disque où presque rien n’était écrit dessus, avec sa pochette cartonnée sentant assez mauvais, m’intriguait. Je l’ai emprunté par curiosité. Une fois rentré chez moi, je me suis empressé de l’écouter. Si je me souviens bien, je crois que la première fois je n’ai pas bien tout compris ce qui se passait, tous les sons que les enceintes distillaient. Mais ça a du me plaire, puisque dans les semaines qui ont suivis, c’est le seul disque -ou presque- que j’ai écouté. 




Voilà l’histoire de ma rencontre avec l’un des groupes qui est aujourd’hui le plus important pour moi -si ce n’est le plus important. Certains l’auront peut-être déjà remarqué avec le titre de ce blog, tiré de la fin du nom du premier morceau du premier disque de Lift Yr. Skinny Fists, « Storm: Lift Yr. Skinny Fists Like Antennas To Heaven / Gathering Storm / "Welcome To Barco Am/Pm..." / Cancer Towers On Holy Road Hi-Way ». Mon histoire d’amour avec Godspeed You ! Black Emperor pouvait donc commencer. Sans cet inconnu et son avatar, peut-être que je serais passé à côté de ce groupe pendant de longues années. Voire même, peut-être que je n’aurais jamais écouté. Comme quoi les plus belles rencontres sont souvent celles que l’on n’attend pas.

De manière générale il est très certainement extrêmement difficile de chroniquer un disque aussi riche que Lift Yr. Skinny Fists. Personnellement, je ne sais pas vraiment comment m’y prendre. Pourtant cela fait longtemps que je ressens l’envie d’écrire quelque chose dessus. Etre objectif m’est impossible. Des défauts, il en a sûrement. Tous les disques en ont. Pourtant je ne lui en trouve pas. Plus exactement, je n’arrive pas à lui en trouver -en fait, je n’en trouve pas aux autres œuvres de Godspeed non plus. Peut-être pourrait-on critiquer certains passages « ambiants », car un peu trop longs... Et encore… Ils sont souvent tellement beaux (ah, ces quelques notes de piano dans les dernières minutes de « Storm » -le premier titre du premier disque- !).

Les quatre titres d’une vingtaine de minutes chacun qui composent cet album -troisième réalisation du groupe après l’album F#A# Infinity et l’EP Slow Riot for Zero Kanada- sont, comme toujours avec Godspeed, extrêmement variés. Pourtant, ils forment un tout extrêmement cohérent. Les émotions qui se dégagent de la musique des québecquois suivent une évolution cyclique. La tristesse fait lentement place à l’excitation via de longues et puissantes montées épiques. Ces montées sont peut-être les moments où l’art génial et superbe de Godspeed You ! Black Emperor s’exprime le mieux. La quiétude et la tranquillité reviennent ensuite. Le calme après la tempête. Le corps peut se reposer. Oui, la musique de Godspeed You ! Black Emperor ne s’écoute pas seulement. Elle se vit. Et réussir à la vivre rend la musique en elle-même encore plus belle.

Beauté. Voilà un mot qui résume bien cet album comme le reste de la discographie du groupe. M’étaler encore de longs paragraphes n’est pas nécessaire. Ce serait même peut-être contre-productif. Je risquerais de me perdre dans des hyperboles sans fin qui tourneraient l’ensemble au ridicule. Tentez donc de vivre cette expérience. Et peut-être pourrons nous un jour à nouveau dormir sur la plage de Coney Island.